Massues océaniennes

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Les massues (ou casse-têtes) sont des objets phare de la culture matérielle océanienne non seulement du passé, mais aussi du présent. Durant leur majeure – et première – période d’utilisation, allant, pour ce qui nous est connu, du XVIe siècle à la moitié du XIXe siècle, elles étaient présentes dans les trois aires géographiques, culturelles et linguistiques, formant l’Océanie, à savoir en Polynésie, Mélanésie et Micronésie.

Pour cette raison, nous pouvons les considérer comme un fil conducteur de la culture matérielle océanienne. Plus d’une centaine de types différents sont recensables dans la littérature spécialisée pour la Polynésie (îles Fiji incluses). Plus que les autres armes (arcs et flèches, lances, javelots etc.), les massues couvraient de nombreuses fonctions. Celles-ci étaient, en premier lieu, guerrières, dans ces sociétés où les raisons de guerroyer étaient nombreuses. Les ressources limitées étaient une raison aux conflits mais aussi la vengeance ou la volonté d’acquérir davantage de puissance et de mana (terme austronésien définissant la force vitale ou l’énergie dont toute personne et tout objet est chargé). En deuxième lieu, les massues étaient utilisées comme objets identitaires et de prestige et jouaient, entre autres, un rôle dans un cadre rhétorique. En troisième lieu, elles apparaissaient dans des cérémonies et des rituels. Les massues de ce dernier type se caractérisaient par une fonctionnalité restreinte en tant qu’arme ainsi que par un aspect décoratif développé. La massue étendait donc son importance à plusieurs sphères de la vie quotidienne, que celle-ci fût profane ou religieuse et cultuelle.

Texte tiré de l’article: Massue. Son utilisation et son rôle dans la Polynésie contemporaine.
Son utilisation et son rôle dans la Polynésie contemporaine. In: Anthropos. A. 109. 2014/2. 513-524. 2014.

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